Les blancs autrement - Panorama de la France n°1

La France, Notre France, Ma France, qu'elle est belle avec ses multiples facettes, sa diversité des paysages, des régions totalement différentes, des gens avec des objectifs communs, des villages magnifiques, bref, si je vante notre beau pays, c'est pour une idée un peu folle qui m'est venue durant l'été dernier.

Une première pour moi !
Tout à coup m'est venue l'idée d'organiser un panorama des vins blancs français avec pour objectif, vous montrer ce que nos terroirs peuvent produire un peu partout. Ne vous attendez donc pas à une comparaison des appellations, aucune notation non plus, non uniquement le plaisir pour moi de vous faire partager les vins d'ici et de là bas. Qui changent de l'ordinaire.

Devant cette tâche ardue, j'ai préféré scinder en deux notre hexagone en faisant 2 L . Voici donc le compte-rendu du premier tour : de la Touraine en descendant sur Bordeaux, la Gascogne, puis virage vers le Languedoc avant d'atteindre la Provence puis la Corse. Et au milieu de tout ça, une petite pépite au centre.



Pourquoi avoir entrepris cette opération? Souvent on me dit "oui mais vous êtes gentils avec vos blancs à Bordeaux ou les grands Bourgogne impayables... mais nous, on a quoi d'autre ? Et bam, la voilà ma modeste réponse. Je tiens avant toute chose remercier très chaleureusement toutes les appellations, propriétés petites et grandes, syndicats, coopératives pour leur participation à cette aventure. Tous m'ont répondu très vite avec un grand enthousiasme. J'aurai voulu poster ce billet bien plus tôt mais la vie de blogueur associée à celle d'une vie pro très intense, tout comme la vie perso, il est impossible de tout faire en même temps et si les journées pouvaient s'étendre à + 50% de temps libre je serai preneur ! Quoiqu'il en soit, ce panorama n'aurait pas pu être organisé sans leur aide précieuse avec mes demandes d'échantillons. Et surtout un grand merci à deux dégustatrices hors-pair : ma femme Camille et Laura Bernaulte qui travaille pour le magazine Terre De Vins et qui m'a épaulé pour valider nos impressions. C'est un vrai travail d'équipe ! 

Rentrons dans le sujet. 


On commence par la Touraine et Chinon
Cette appellation de 2300ha est surtout réputée pour ses rouges aux tanins fondus, réalisés par de nombreuses exploitations familiales de génération en génération. Ici je vous présente le  Chinon blanc de mon ami Boris Desbourdes, alias Monsieur Moustache. La gentillesse personnifiée. Il aime ses terres et propose des cuvées insolites comme "l'arbre mort" sans aucune intervention de matériel électrique. Ici je vous fait découvrir le blanc de Chinon qui n'est pas très connu. C'est un vin représentatif de ce que fait l'appellation dans cette couleur.. A savoir un nez très frais, presque mentholé, une bouche droite et une finale tout en douceur avec des pointes d'amertume maîtrisée. Un vrai vin de copain pour partager de bons moments. Convient parfaitement à l'apéritif ou sur une bonne blanquette de veau maison. Profitez-en car seulement un demi hectare ont été récoltés cette année ! Et ici les herbicides sont bannis . Amour et vin sont les maîtres mots.


Toujours dans cette partie de la France mais à quelques centaines de kms tout de même, je vous emmène sur les terres de Sancerre. Cette appellation qui tient son nom de la ville éponyme de 1500 habitants située non loin de Bourges. Je vous fait découvrir le vin de mon autre ami, Nicolas Millérioux. Je suis tout aussi fan de son travail que de celui de Boris (et ce  n'est pas pour rien que les deux sont potes) . Je pense que tout le monde connait le Sancerre, souvent assez cher dans les restaurants, il est pourtant dans le commerce, bien plus abordable qu'il n'y paraît. 
Ici encore, le nez est frais avec des notes d'eucalyptus avec de la réglisse. Une bouche équilibrée et délicate tirant sur la pêche blanche . Une longueur conséquente. Ce type de vin appelle des mets à base de poisson travaillés avec des sauces fines et pas trop puissantes. Éventuellement un turbo au beurre. Sur des crustacés c'est le bonheur total.


Descendons un peu en direction de Bordeaux mais arrêtons nous avant en Charente chez le 3e compère après  Boris et Nicolas et qui est un super copain par  la même occasion : Thomas Quintard qui fait du cognac pour les plus grandes maisons mais aussi sous son propre nom et en profite pour en faire du vin. Et il aime s'amuser. En + de ses traditionnels vins de pays charentais il élabore  des cuvées à la manière d'un chimiste pour arriver au vin qu'il aime. Ce qui nous donne un vin "brut de cuve" dixit le premier intéressé : le CQ One issu de l'élevage classique sur lies puis soutiré pour ensuite le laisser reposer quelques mois avant de le mettre en bouteille sans collage si filtration . En bouche, le colombard s'exprime pleinement avec un côté presque pétillant et vert du fait de la non filtration. Très droit, des notes d'oxydation naturelles qui confèrent à ce vin une grande fraîcheur et un côté "brut" qu'on ne peut pas nier. Je n'ai aucun équivalent en terme de vin ! La bouche est dans la même lignée quoique plus sage. On est sur un vin de caractère avec une structure travaillée et une belle fraîcheur. Je vous invite à découvrir cet Ovni issu de l'imagination de son créateur. Sur des crevettes poêlées au cognac VS (du Frolet - le cognac de Thomas - il va sans dire) la boucle est bouclée !


Enfin nous voilà sur les terres girondines et à quelques encablures de chez moi ! Direction les Côtes de Bourg avec la Tour des Graves. Un 100% sauvignon comme c'est souvent le cas des blancs de l'appellation (mais tous les cépages locaux sont également représentés en C2B). Appelée la Petite Suisse Girondine, l'appellation est très dynamique et représentée par des vignerons de caractère. Ici le sauvignon qui s'est  doré la pilule sur les hauteurs de l'estuaire de la Gironde face à Margaux, possède un nez appétissant sur les fruits blancs comme la pêche ou l'abricot ou le raisin sec. La bouche est souple et gourmande. Plaisante en attaque il n'en reste pas moins un vin avec une belle acidité qu'un plat épicé (mais pas trop) saura largement combler. Je pense ici à un curry de poulet très légèrement relevé pour ne pas prendre le pas sur le fruité du vin. Apéritif ou plat il passe partout et saura accompagner les bons moments.

Tant qu'à être sur la rive droite du Bordelais, prenons le bac à Blaye pour traverser l'estuaire et débarquer au port de Lamarque de l'autre côté en ayant pris soin de saluer le Fort Pâté qui se dresse sur une toute petite île au milieu de l'eau et qui avait la fonction de relais offensif entre la rive droite (citadelle de Blaye) et la rive gauche (fort de Cussac). Point historique terminé, retour à nos moutons.

Débarquons de notre bateau et allons à quelques encablures de Lamarque, direction l'appellation Saint-Julien, avec de nombreuses et belles références. Approchons nous de cette belle et longue bâtisse qui domine son terroir. Il s'agit du Château Talbot. Oui ! on fait aussi du blanc dans le Médoc et sur  le  terroir de Saint-Julien! Certes le cahier des charges ne permet pas d'apposer le nom de l'appellation sur ce vin qui rentre en Bordeaux mais le terroir lui est bien là. Et c'est un grand vin que je vous propose de découvrir ici. Le Caillou Blanc. Un nez confituré, des notes d'amandes fraîches et une pointe de poivre. Une bouche quant à elle, intense et presque beurrée aux accents d'ananas. Une bien belle facture assez peu connue même dans le bordelais. Un excellent choix pour étonner vos convives. Ce vin est une merveille  sur des Saint-Jacques snackées minute avec quelques zestes de citron vert et une excellente huile d'olive vierge du Douro au Portugal. Vous m'en direz des nouvelles.


Prenons ensuite la route qui descend vers la Gascogne et rendons-nous sur les terres de Buzet dont les blancs généreux et fruités, vous transforment un simple apéritif en moment ultra convivial.
Ici je vous propose le Château Loustalet créé par les  vignerons de Buzet avec du sémillon, du sauvignon et de la muscadelle. Un nez fruité se mêlant à des notes florales. En bouche on ressent une sensation de sucre (attention il n'est pas sucré, c'est juste une sensation) qui s'évapore rapidement qui est rapidement balayée par une certaine fraîcheur provenant de l'acidité. C'est le jeu des vases communicants comme le je dis souvent avec les vins ayant une légère sucrosité ou carrément avec certains liquoreux. Avec ce vin, prenez quelques amis, un beau coucher de soleil, des tapas maison et la soirée commencera sous les  meilleures auspices.

Toujours dans les  Côtes de Gascogne il fallait aussi que je vous présente le cépage roi : le gros manseng qui peut donner des vins secs ou plus sucrés. Je vous propose en parallèle un 100% gros manseng de la maison Rigal avec la cuvée "L'instant Pêcher". Un nez sur les fruits blancs et donc la pêche cela va sans dire, une bouche légèrement anisée et croquante. A ouvrir entre amis pour l'apéritif avec des croquetas au jambon et piment d'espelette (molo sur le piment je vous fait confiance) . L'occasion de découvrir les autres produits de cette grande maison dont des rouges à tomber.


On continue la route vers le sud, direction le département du Gers, grand fournisseur des Côtes de Gascogne. C'est précisément l'un d'entre eux que je vous fait découvrir ici : le Domaine de l'Herré au sud de Eauze, haut lieu de l'Armagnac. C'est un domaine assez récent - 1974 - situé sur les Sables Fauves qui correspondent à la limite jusqu'où arrivait l'Atlantique il y a des millions d'années (actuellement la côte atlantique est à une centaine de kms à vol d'oiseau pour mieux comprendre la géographie) . J'ai testé le 100% sauvignon qui rejoint mon idée de la Gascogne en général et notamment de mon commentaire précédent sur Buzet. Le Sud-Ouest est généreux et gourmand, tout comme la bouche de ce vin qui évolue vers des notes florales et d'agrumes. Là encore une petite sensation de sucrosité qui est contrebalancée par l'acidité.Un vin plaisir et entre copains. On l'accompagne d'une salade de chèvre chaud aux pignons de pins grillés à la poêle et de quelques tomates séchées.


Reprenons la route vers le sud, ou plutôt vers le Sud-Est, je vous emmène sur les terres de Gaillac nichées entre Toulouse et Albi avec le Château les Méritz et sa "Fraîcheur Perlée". Là encore un vin de copain que j'associerai plus volontiers avec l'été où le besoin de fraîcheur se fait sentir. Un nez agréable qui tend vers le  miel (léger) avec des touches d'agrumes comme le pamplemousse. Un nez assez riche et gourmand. En bouche, malgré la sensation de sucrosité au nez, ce vin est bien sec, avec toujours les agrumes dominants qui fait que ce vin porte bien son nom : fraîcheur perlée car il serait presque pétillant (sensation) . Je vous conseille ce vin sur une entrée du type tartare de saumon citronné et à la ciboulette. Complément de fraîcheur, pas besoin de climatisation avec un tel combo !

Avant de continuer vers l'est, je vous propose un "petit" détour en remontant par l'Auvergne. Oui ce n'est pas la porte à côté me direz-vous mais on peut tout à fait être des quiches en orientation et par le plus grand des hasards, se tromper de route et remonter vers le centre de la France sans le vouloir. Ça arrive !


Allons découvrir cette pépite que je ne connaissais absolument pas : les Côtes d'Auvergne ! Et en plus c'est remarquable. La grosse découverte de ce panorama pour moi.
Je vous fais découvrir le Domaine Rougeyron situé à Châteaugay au nord de Clermont-Ferrand avec son 100% chardonnay. Là c'est une petite claque que nous nous sommes pris. Un nez réglissé, très atypique et complexe. La finale rafraîchissante. En bouche on va de surprise en surprise avec une belle opulence de fruit alliée à une belle fraîcheur. Et la longueur va avec. C'est presque un bonbon.
Tous nos repères on été balayés. Voilà une appellation qu'on ne soupçonne pas et qui réserve de belles découvertes. A déguster sur un thon snacké à l'unilatérale et quelques graines de sésame torréfiées.


Maintenant que je me suis rendu compte de la petite erreur de trajectoire qui finalement a été très bénéfique. reprenons le cours de notre roadtrip vers le sud Est. Autoroute du sud, je vous emmène vers le Minervois, une région que j'apprécie particulièrement pour y aller presque chaque année depuis ma naissance. Mais je ne vous emmène pas n'importe où, chez la famille Poudou et leur domaine de la Tour Boisée située en plein coeur du village de Laure-Minervois à la rencontre de Jean-Louis Poudou, figure locale qu'on ne peut pas oublier une fois qu'on l'a rencontré. Voici son 100% chardonnay qui pousse tranquillement sous le soleil ardent du Languedoc. Un nez de coing voire même de pâte de fruits tirant sur l'abricot sec. Et, première  fois que je ressens cela : des notes de levures, presque comme la chaude odeur de la pâte qui monte. Presque un champagne sans bulles. On ressent la chaleur locale et tout ce que le soleil a pu apporter à ce cépage.
Je vous le conseille sur un poisson tout simplement grillé à la plancha avec un filet d'huile d'olive et quelques tranches de citron.


Avant d'arriver au terme de notre périple, arrêtons-nous un instant en Provence pour découvrir leurs blancs. Et à travers eux, celui du Domaine Saint-Andrieu. Les blancs de Provence ont plus d'un atout dans leur sac. Souvent produits à base de Rolle qui est un cépage typiquement méditerranéen, aussi appelé Vermentinu en Corse, ils sont assez fruités et charnus. Voyons voir ce que nous donne celui de cette propriété, seconde acquisition des propriétaires du Château Talbot  dans le Médoc. Le nez est très floral, tirant sur le pamplemousse - parmi les notes facilement reconnaissables du  cépage Rolle - une trame de pêche blanche et de la poire, c'est assurément gourmand. En bouche on retrouve une amplitude qui tapisse bien le palais. Des notes d'amande fraîche, sensation de sucrosité (également parmi les basiques du cépage à cause du soleil) puis vient une sensation que j'aime beaucoup sur certains blancs : un goût de frangipane sans le côté gras et beurré. C'est un vin onctueux qui s'accordera volontiers avec une salade provençale à l'ombre d'un pin parasol au pied du massif des Maures. Et si vous n'avez pas de massif des Maures à côté de vous, trouvez sur youtube des enregistrements de cigales et vous verrez le vin autrement !


Enfin, dernière étape de ce premier panorama, je vous propose de poser nos valises au pied du cap Corse, au nord de l'île. Les vins que l'ont fait là bas ont des vignes perchées sur les montagnes, coincées d'Est en Ouest par la mer puis par ce bras de terre qui remonte et qui vient s'éteindre dans la Méditerranée. Allons à la découverte de Maria-Francesca Devichi qui a repris l'exploitation familiale il y a quelques années et qui produit des vins avec passion (en même temps je ne connais pas un vigneron/ne qui ne fait pas devin avec passion :) ), l'amour de son terroir et de son île qui porte bien son surnom : île de beauté. Ici on va s'intéresser au Patrimonio blanc fait avec le fameux vermentinu (le Rolle, rappelez-vous). Un nez délicat qui respire les fleurs et les agrumes. En bouche c'est toujours aussi délicat et subtil. On a là encore des notes de fleurs et de pommes juteuses. J'ai comme idée de l'associer avec un carpaccio de dorade aux agrumes. Il faut un plat aussi subtil que le vin pour que l'un ne prenne pas le pas sur l'autre.

Voilà, j'espère que ce panorama totalement subjectif mais avec l'envie de vous faire découvrir de nouvelles appellations aura aiguisé votre curiosité. J'avais comme idée par ce projet, de vous montrer que la  France regorge de vins blancs à travers tout son territoire et pas seulement les appellations les + connues. Les vins que je vous présente ici sont pour moi assez représentatifs de ce que réalise chaque appellation et je remercie chaleureusement toutes les personnes qui ont pu m'aider dans ma quête d'échantillons que ce soient les agences qui gèrent la communication des domaines, les syndicats, les coopératives, les vignerons eux-mêmes, les copains... bref, ici pas de favoritisme, je me suis simplement adressé aux gens que je connaissais et qui ont gentiment et très volontiers répondu favorablement à mes requêtes. Un grand grand merci à Laura Bernaulte également - je me répète - qui a pu m'aider dans la dégustation et qui a été ma caution professionnelle :) Comme ce sujet m'a demandé pas mal d'organisation en amont, je n'ai pas pu faire un tour complet de notre pays, c'est pourquoi j'ai décidé de scinder en 2 parties pour mieux pouvoir me concentrer sur les dégustations. La prochaine étape sera l'autre partie avec notamment la part belle à l'est, des côtes du Rhône jusqu'au Nord avec un passage par l'Alsace obligatoire. Rendez-vous dans quelques mois !



Liens vers les différents vins / appellations :


A très vite ! 

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