Dégustation #6 - Château Rauzan-Ségla



Après la rive droite et le Loupiac, nous voici de retour sur la rive gauche plus au nord sur les terres margalaises. Ah Margaux, un prénom féminin que j'aime beaucoup, qui dénote une certaine délicatesse, allez savoir pourquoi. Pour cette nouvelle dégustation je me suis penché sur une propriété que j'avais déjà abordée il y a quelques années à Bordeaux Tasting. Un domaine qui est la propriété de la maison de Haute-Couture Chanel (via les discrets propriétaires : les frères Wertheimer) . Oui tout comme LVMH (et donc indirectement Dior) avec Yquem ou encore Cheval Blanc, Chanel a investi à Margaux mais aussi à St-Emilion avec le château Canon.
Rauzan-Ségla c'est 51 hectares avec un encépagement typique pour l'appellation : cabernet-sauvignon, merlot, cabernet franc et petit verdot. Le sol est plutôt constitué de graves ce qui facilite l'homogénéité des températures des sols, les graves ayant la faculté de garder la chaleur de la journée pour la restituer la nuit et ainsi favoriser une grande régulation thermique pour la vigne. Voilà pour les basiques techniques.

A l'idée de déguster ce 2e grand cru classé 1855, j'en avais les papilles qui chantaient. Alors voyons voir si ce grand vin sur le papier est aussi grand que l'aura de son étiquette. Millésime 2008, pas le plus grand mais j'aime assez voir ce que peuvent proposer les grandes propriétés bordelaises sur des années un peu en deça.

LA ROBE
Nous faisons face à un rouge sombre doté d'un bel éclat sur la couronne. La couleur est intense et la palette va du rouge très foncé jusqu'au rouge sang.

LE NEZ
Tout de suite on sait les yeux fermés que l'on est en face d'un très grand vin. Rien à dire. Le festival d'arômes vous immerge dans un bol de truffes pour commencer, puis les épices douces arrivent avec la cannelle qui sort du lot. Puis une fois le vin suffisamment aéré, les fruits rouges tels la fraise des bois arrive au nez. Des notes presque de fruits rôtis. C'est assez intriguant je dois l'avouer. Ce nez est captivant et évolue au fil des minutes. Je n'ai eu de cesse d'y retourner. Un beau moment alors que je n'ai même pas encore dégusté la moindre goutte de ce nectar. Ça promet !

LA BOUCHE
Tout de suite on sent une certaine puissance monter mais pas une claque magistrale, non ici c'est à pas feutré, digne des catwalks des défilés que les arômes à la puissance maîtrisée vous inondent le palais. Le caractère vif et très expressif vous permet de profiter de la moindre caudalie. Le soyeux du début jusqu'à la fin de la dégustation donne à ce vin une belle homogénéité. Il glisse sur la langue bien que les tanins soient encore un peu vifs (2008 pour un tel vin c'est très jeune) mais les arômes de cacao qui viennent en finale permettent d'atténuer ce côté encore un peu vert des tanins. La trame est vraiment très bien construite. C'est définitivement un grand vin qui restera dans ma mémoire. Il sera intéressant d'attendre encore 2 à 4 ans pour que les tanins fondent encore un peu et soient vraiment en harmonie avec le reste de ce corpulent nectar.

L'ACCORD MET ET VIN
J'ai dégusté ce vin sur un risotto (encore un oui !) aux champignons, aubergines grillées et carottes croquantes, le tout tapissé de jambon de parme finement coupé de manière à poser les tranches sur le risotto encore fumant, laissant ainsi le gras du jambon, suer sur l'ensemble du plat. Une association simple mais efficace. Un tout petit zeste de piment d'espelette pour corser le tout et faire en sorte que le plat réponde à la puissance aromatique du vin. Et en dégustant le vin sur ce plat, le côté un peu tannique se fait totalement oublier. L'Italie réussi à Rauzan-Ségla

LE PRIX
bon là on joue dans la cour des grands. C'est un vin qui a l'avantage d'être dégusté sans avoir besoin d'un bac + 10 en œnologie. Tout le monde l'a apprécié autour de moi, avec ou sans connaissance en vin. Ce qui n'est pas le cas de certains très grands vins ou tout est en finesse (trop?) et en complexité . La bouteille du millésime 2008 vous revient à un peu plus de 63€ sur le site de la Cave Dourthe qui pour cette nouvelle dégustation, m'a permis encore une fois de choisir un vin qui m'attirait énormément et qui au final n'a fait que conforter l'idée que j'avais de cette propriété : tout est dans le détail. Rien n'est laissé au hasard. C'est un très bon moment à partager avec ceux que vous aimez .

Je voudrai à travers ce billet de dégustation, remercier Anne-Lyse dont la cave Dourthe a été son bébé durant quasiment 7 années et qui est partie vers de nouveau challenges. Merci pour ta confiance et le passage de flambeau. à très vite ! Adishatz !

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