Dégustation #1 - Château Grand Barrail Lamarzelle Figeac



Cela faisait longtemps que je n'avais plus pris le temps de faire des dégustations en bonne et due forme sur le blog. Avec mes mots, avec mes sensations, celles d'un amateur peut être un peu éclairé mais sans forcément tout le sérieux et le professionnalisme d'un véritable dégustateur.
Et 2015 commence avec de bonnes résolutions ! Grâce à la Cave Dourthe située à St-Emilion, je vais pouvoir chaque mois, vous faire découvrir des vins qui ne me sont pas imposés et dont le choix ne sera guidé que par le feeling et les envies du moment. L'idée est de vous faire partager différents terroirs et de vous montrer la multiplicité des terroirs. Certains, nous le verrons, peuvent changer du tout au tout en seulement quelques centaines de mètres.

Ce mois-ci j'inaugure donc ce nouveau rituel avec un domaine on ne peut plus logique : le château Grand Barrail-Lamarzelle Figeac situé à St-Emilion et qui a pour originalité d'héberger la cave Dourthe (qui propose des centaines de vins et pas uniquement du St-Emilion).
Situé juste en face du célébrissime Cheval-Blanc - c'est dire que le terroir est plutôt riche - GBLF (désolé je vais l'appeler avec ses initiales car le nom est le plus long de l'appellation, fruit de plusieurs successions, rachats et fusions de propriétés) est dans la plaine de l'appellation, en contre-bas des croupes de calcaire de la cité du vin. Il fait 15hectares ce qui en fait un assez grand domaine pour l'appellation. Juste en face nous avons donc Cheval-Blanc, la Dominique et les premières rangées de vignes de Pomerol un peu plus loin, Le château est donc situé sur un terroir hors pair, composé des  "Graves de St-Emilion", baigné de soleil et moins sujet aux aléas de  températures que connaissent les propriétés plus au nord de l'appellation , à la limite avec Puisseguin et Montagne car plus en hauteur. Autrefois, c'était la mer qui était à cet endroit, d'où des sols d'une grande qualité proférant aux vins une belle finesse.

Je suis donc parti à la rencontre du millésime 2009 de GBLF qui est comme vous devez le savoir, un des plus grands millésimes des 30 dernières années. Nous retrouvons donc un St-Emilion avec la typicité reconnaissable de l'appellation à savoir la richesse fruitée du merlot dominant (65%) conférant au vin une belle douceur emprunte d'une solide architecture aromatique. Les 35% restants sont constitués de cabernet Franc qui vient consolider le "squelette" du vin mais avec plus de douceur qu'un cabernet sauvignon, choix d'assemblage qui me plaît déjà sur le papier.

LA ROBE
On peut observer une belle intensité sur ce vin avec des reflets grenat assez prononcés, presque pourpre sur la couronne et un rouge plus vif et chaud au centre du verre.

LE NEZ
L'alcool est globalement moins présent, de manière olfactive, sur l'appellation dans son ensemble depuis quelques années car c'est ce qui me bloquait un peu auparavant, une sensation de sniffer de l'alcool avant même d'avoir bu la moindre gorgée de vin. Et là c'est dans la mouvance, plus de douceur qui laisse la place à la perception d'arômes plus subtils. Certes le cassis arrive en premier, cela étant dû au merlot. Puis viennent des notes de réglisses subtilement mêlées au cassis et qui donnent à l'ensemble un peu de chaleur et la sensation de sucrosité. Une chose étonnante face à laquelle je n'avais jamais encore été confrontée, une sensation d'épice (rien d'étonnant dans un St Emilion vous me direz) que j'ai eu du mal à définir au départ puis finalement c'est bel et bien du curry, doux et presque sucré qui m'est arrivé au nez. Un peu fou me direz vous ? J'ai demandé confirmation à mon auditoire et au début, comme moi, ils m'ont pris pour un fou puis en se concentrant un peu, il est également arrivé au nez . Et tant pis si j'ai choqué les ayatolas de la dégustation mais moi j'ai trouvé cela et rien que pour ça, j'ai hâte d'ouvrir une autre bouteille pour confirmer ou non cette sensation.

LA BOUCHE
On retrouve tout de suite une sensation de crémeux, d'onctuosité à laquelle je ne m'attendais pas et qui m'a agréablement surpris . C'eut été un Margaux, j'aurai été déçu du contraire mais là pour un St Emilion, il brouille les pistes le malin :) Cela vient envelopper le palais des premiers arômes de cassis en toute logique avec le nez. L'attaque est moyennement franche mais cela monte assez rapidement en puissance (je préfère ça à un vin qui donne tout au début puis pouf, plus rien merci au revoir) . Un peu comme un histogramme en photographie . La parabole parfaite, celle qui commence à 90% des noirs purs pour ensuite être à son apogée dans les gris vers 50% avant de descendre s'éteindre dans les 10% de blanc . ( pour ne pas s'endormir idiot(e) : http://apprendre-la-photo.fr/lhistogramme-le-comprendre-lutiliser ) .
La longueur tient la route largement et on termine sur une finale cacaotée mais sans amertume .
Les tanins pour ce 2009 encore jeunot, commencent à fondre gentiment et permettent à ce vin de commencer à se boire sans avoir la sensation d'un vin trop vert et fermé. On sent qu'il a de quoi se garder encore un bon bout de temps et sera à mon avis à ouvrir dans les 8 prochaines années pour profiter de tanins encore plus fondus et profiter de la patine du temps mais en conservant également une belle fraîcheur.

C'est donc sans conteste un très beau vin de St-Emilion que ce Grand-Barrail Lamarzelle Figeac 2009 avec un bon pouvoir de garde.

L'ACCORD MET/VIN
Je suis parti (ça fait très Top Chef non ?) sur une de mes spécialités, un risotto au poulet et éclats de marrons ( avec du 100% Colombard de mon ami Thomas Quintard en Charentes - c'est dire si je ne lésine pas sur la qualité des ingrédients :))  accompagné de truffes du Périgord vert.
J'ai voulu casser un peu les codes attendus à savoir qu'il faut absolument une bonne viande bien rouge pour un bon St-Emilion. Et bien non, la preuve, une volaille avec quelques oignons caramélisés et mélangés à des éclats de marrons relèvent le plat et l'accord avec le vin se fait tout naturellement. Aucun des deux ne prenant le pas sur l'autre mais bien au contraire, tout fusionne de manière naturelle. J'ai été assez content de mon coup !

LE PRIX
30€ la bouteille sur le site de la Cave Dourthe mais également à la boutique de St-Emilion.
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