L'armagnac, canard et botaniques


Non ce n'est pas la suite d'un de mes films fétiches mais j'avais envie de vous raconter deux journées exceptionnelles que j'ai passé dans un pays qui sait accueillir et chez qui on fait bien la fête.

Laissez moi vous parler du sud-Ouest, non pas du côté de Bordeaux comme c'est souvent le cas mais descendons un peu plus au sud-est du sud-ouest, vous me suivez toujours ? On prend l'autoroute A62 en direction de Toulouse mais sortons plus tôt, à Agen (Agengue avec l'accengue) , on farfouille dans son GPS une adresse qui n'en est pas vraiment une en fait, comme souvent dans les propriétés viticoles du bordelais, on a juste un nom de village et le nom du château . J'avance à l'aveugle, sans savoir où je vais et me fie à mon guide électronique tel une mouette à son chalutier. C-A-U-S-S-E-N-S me hache la voie suave de mon tableau de bord. Après une heure, j'arrive dans un endroit où le temps s'est arrêté il y a quelques centaines d'années et où on ne capte rien, ni wifi ni H+ . Cet endroit a finalement quelques atouts pour faire un break boulot qui tombait à pic. Surplombant plusieurs vallons à quelques kilomètres de Condom (nos amis anglo-saxons aiment cet endroit en général), nous voilà arrivés au château de Mons qui sera durant les 2 prochaines journées, notre QG, notre lieu de RDV, notre phare pour pouvoir participer dans les meilleures conditions au Vinocamp Armagnac.
Quoi qu'est-ce que le Vinocamp ? Une première pour moi. C'est un RDV incontournable pour les winelovers blogueurs mais aussi journalistes, passionnés de vin et surtout avec des vignerons. Un moment à la cool où on partage beaucoup, où forcément on déguste beaucoup également, mais les produits de la terre ont cette faculté à rendre les gens heureux, et donc dans le Gers ça n'a pas manqué. Nous étions, en tout cas moi le premier, heureux de nous retrouver, de mettre des têtes sur des pseudos, le tout accueillis dans une des régions au monde qui pourrait symboliser le paradis terrestre : le Gers, son canard et son armagnac mais pas que, vous allez voir.



Le Gers c'est le pays de l'Armagnac (on peut simplifier et tracer une diagonale qui irait de Condom à Aire-sur-Adour en passant par la capitale de l'Armagnac : Eauze (prononcer "éoze") . C'est un pays où on ne rigole pas avec l'accueil. Autant on parle souvent du nord et des joues rouges qui savent vous recevoir dans n'importe quelle circonstance, autant les gersois ont ça dans le sang et une telle simplicité à vous ouvrir leur porte et à refaire le monde avec vous qui n'a pas d'équivalent.

Ces deux jours ont été intenses. Intenses en dégustations toutes plus hallucinantes les unes que les autres, notamment avec cette grosse surprise qui nous attendait après un déjeuner, une ribambelle de bouteilles des années 1960 jusque 90 . Tout le monde ou presque a pu déguster son année de naissance. Exceptionnel. Toutes les plus grandes maisons étaient représentées, comme Delord, Castarède, Samalens, Montesquiou et j'en passe une bonne dizaine d'autre. La particularité de l'Armagnac comparé au Cognac (car oui on compare toujours ces deux eaux-de-vie du fait de leur fabrication en partie similaire) ce sont les millésimes. Il y en a partout !



Mais le Gers ce n'est pas que de l'Armagnac c'est aussi le vin des côtes de Gascogne et là j'ai pris une belle claque. Le bordelais de base qui s'exporte le temps d'un week end et qui prend un poil de haut les "petits" vins de Gascogne (oui je parle de moi , auto-fouettage et puis à moitié avoué....enfin bref) . QUENINI !!! ils sont fabuleux ces vins ! Tout frais, légers, fruités, certes ils n'ont pas la complexité d'un Pommard ou d'un St-Emilion mais ils ont un peu petit grain de folie qui leur vient des vignerons qui leur donne une toute autre ampleur. Et quand tu ne vas pas aux vins de la Gascogne, ce sont les côtes de Gascogne qui viennent à toi avec les vignerons qui nous avaient préparé des petits stands pour nous faire découvrir leurs produits. Une chose est sûre, je vais revenir au printemps faire la tournée de mes coups de coeur à seulement 2h de route de Bordeaux. On trouve des cépages dont je n'avais encore jamais entendu parlé : le tanat et le gros Manseng . D'autres qui me sont connus comme l'ugni blanc et le colombard, à la base des eaux de vie d'Armagnac. Mais certains s'amusent avec de la syrah, du pinot noir (mon précieux) et les résultats sont bluffants. Des vins de copains à déguster avec des petites charcuteries, des vins plus élaborés, des hybrides hallucinants entre liquoreux et sec, limite vin de glace mais avec seulement 50gr de sucre / L ... bref, la claque que j'ai reçue est à la hauteur de la surprise et de l'excellent travail des vignerons du coin. Je vous ferai un billet focus sur mes coups de coeur.




Mais enfin, comment parler du Gers sans ses oies et son canard ? La baseline de l'IGP est devenue le temps d'un week end notre cri de guerre ; "un canard heureux est un canard savoureux" . Et là je n'ai pas été déçu, du foie gras nous en avons eu à toutes les sauces, toutes les déclinaisons et surtout j'ai eu la chance de faire mon propre foie gras à la ferme Terre Blanche à St Puy. Moment de fou rire garanti avec nos charlottes enfilées sur les têtes, ça met tout le monde à l'aise. Et n'en déplaise aux anti-tout, il ne faut pas croire que toutes les exploitations de gavage ressemblent aux usines qu'on voit en caméra cachée. Les 3/4 sont de petites fermes où les éleveurs respectent les animaux et les élèvent avec amour. Et ils leur rendent bien . Pour info les oies et canard n'ont pas du tout le même système digestif que nous autres humains et ont la particularité d'avoir un foie extensible pour remplir naturellement de nourriture avant les grandes migrations .ce qui fait que le foie gras est un produit qui existe depuis que les oies et canards existent.


Enfin, la découverte originale du week end pour lier le monde du vin et du cocktail dont je suis aussi très friand, ce fut le Pousse Rapière. Une marque déposée par le Château de Monluc non loin de la ferme de Terre Blanche. Il s'agit d'un cocktail à base de liqueur d'armagnac avec des zestes d'orange et un secret de plantes bien gardé par  Jérôme Lassus qui a créé un véritable rituel de dégustation en le mélangeant à son brut pétillant  réalisé en méthode traditionnelle ( un peu comme les champagnes :  un pétillant élevé sur des tables de remuage dans une sorte de chapelle souterraine, l'endroit vaut vraiment la visite) . Il faut 1 volume de liqueur pour 6 volumes de vin et vous allez pouvoir vous la péter devant vos amis avec un apéritif qui est vraiment excellent et m'a rappelé le spritz de Venise avec ce côté Apérol et une douce amertume  .


Je pourrais vous parler du Gers et de nos échanges sur le vinocamp encore des dizaines de pages et je laisse les spécialistes des comptes rendus objectifs faire ce travail à ma place. Moi je reste encore dans les brumes gersoises, le cerveau embrumé par les vapeurs de pruneau de l'armagnac et des douceurs du foie-gras. Oui c'est un peu cliché mais si vous passez dans les parages, vous repartirez comme moi, empli des ondes des amazones chaleureuses du pays de l'Armagnac.

Promis,je vous ferai un billet plus concis et précis sur la manière dont on créer cette eau de vie.

Adishatz







Une vidéo publiée par @godblessbacchus le

Commentaires

Amélie a dit…
Merci pour ce superbe article ! Ravie d'avoir pu participer à ce bel événement en ta compagnie et celle de nos amis #winelovers aquitains ;). Au plaisir de trinquer autour d'un pousse rapière ;)

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