Visite Château d'Yquem


Quoi de plus beau que de finir une semaine chargée, que dis-je, ultra chargée, par une visite privative du château d'Yquem à Sauternes, premier cru supérieur classé en 1855.
L'endroit est majestueux. Le château domine à + de 80m d'altitude, surplombant la Garonne à quelques kms de là sans qui les appellations Sauternes, Barsac et Ste Croix du Mont ne pourraient exister.
Yquem a la particularité d'être situé au croisement des meilleurs terroirs de Sauternes ce qui lui confère une exception vis à vis de ses voisins (Suduiraut et Rieussec) car d'un seul tenant, on peut retrouver la totalité des différents types de sols environnants.
Comme pour le caviar, il faut visiter Yquem pour comprendre "pourquoi ce prix ??" bien qu'une partie soit désormais allouée au marketing, il n'empêche que l'attention particulière accordée aux grains de raisins de la naissance jusqu'à la coupe, est d'un luxe poussé à l'extrême.
En effet, non comme toute vendange, où on passe une fois pour couper les grappes, Yquem récolte les grains, un par un. Chaque parcelle est sous la responsabilité d'une seule personne qui se doit d'atteindre la meilleure qualité quelque soit le rendement. A cela on rajoute les différents passages de vendange car forcément, si la récolte se fait grain par grain, il faut que la pourriture noble soit entrée en action et tous les grains d'une même grappe ne sont pas atteint en même temps ni au même niveau. C'est un véritable travail de titan qu'opère le domaine sous le contrôle de Pierre Lurton.
En 2012, mélange de coup marketing savamment orchestré et de cahier des charges non atteint, Yquem n'a pas produit ce millésime. Tout le jus pourtant créé sera intégralement mélangé au jus d'autres propriétés avoisinantes, plus ou moins réputées, afin de produire un vin simplement siglé Sauternes. Donc sachez que si vous achetez un vin de Sauternes (sans nom de domaine) en 2012 vous aurez obligatoirement un certain pourcentage d'Yquem dedans ;)
Certaines vendanges se sont déroulées jusqu'à début décembre dans les années 80. L'arrivée du botrytis étant assez capricieuse, chaque année est un nouveau challenge pour prévoir les vendanges.

Mais pourquoi un vin aussi cher est-il composé de pourriture dite noble ? Et bien parce que ce cher botrytis qui d'un point de vue strictement scientifique, est une mycose, tout comme la pourriture qui attaque le roquefort. Mais l'Homme a su en tirer profit . Cette pourriture permet en s'attaquant à l'eau contenue dans chaque grain de la transformer en sucre tout en "séchant" la baie. La difficulté réside dans le choix du moment exact de la vendange du grain unique car à quelques heures près la baie peut se sécher entièrement et n'est plus consommable.

A la dégustation, il nous été proposé le millésime 2008, une hérésie touristique lorsque j'ai vu arriver la bouteille et l'année... Que néni ! Une pure merveille qui vient juste de s'ouvrir depuis quelques semaines seulement aux dires de notre hôte. Et je dois pour être le + objectif possible, le reconnaître. Ce millésime a tout d'un grand et pourtant ce n'est pas une excellente année pour l'appellation.
Ce qui m'a le plus interpellé c'est dès le verre porté à mon nez, la sensation qu'une feuille de menthe fraîchement coupée vient d'être déposée dans le verre. Quelque chose que j'aime au plus haut point. Puis en bouche c'est l'explosion d'arômes. Tout de suite nous retrouvons les classiques notes d'abricot frais, d'amande (je dirais même noisette), fruits de la passion (qui à Sauternes ne vous dira pas qu'il y a du fruit de la passion n'est pas quelqu'un du coin sachez le :) Chose impressionnante : l'ananas explose en seconde partie de caudalies et le final sur la poire williams tellement intense qu'on en aurait presque la sensation d'avoir croqué dans le fruit et d'avoir la sensation des petites pulpes croquantes ...

Ce qui fait d'Yquem un vin différent tient pour moi principalement dans l'absorption du sucre pourtant bel et bien présent (environ 120/130gr par Litre pour le 2008 si je ne me trompe pas) par l'alcool. Le sucre est là  mais il se fait oublier instantanément. C'est paradoxal mais pourtant je dois le confesser je ne suis vraiment pas un adepte des liquoreux mais celui ci a quelque chose d'unique.
Cette sensation s'est confirmée avec cette visite, seconde expérience que j'ai pu vivre en un an avec le château d'Yquem puisqu'il y a quelques mois j'ai eu la chance de participer à une mini verticale d'Yquem en compagnie de la maître de chai depuis une dizaine d'année : Sandrine Garbay.

Le vaisseau amiral LVMH que j'ai bien connu pour y avoir travaillé me semblait à l'avance venir prêcher sa bonne parole "nous sommes les meilleurs, Yquem is THE best, blabla..."  et bien pas du tout.
Toutes les personnes que j'ai pu approcher du domaine sont des gens du "cru" du terroir, du pays, passionnés par l'exception Yquem, motivés par l'unique envie de bien faire. On ne parle pas de la saga Arnault, on ne parle pas de LVMH, quand on visite Yquem ou quand on a à faire l'équipe, ce sont des passionnés qui savent rester humble.

Très belle expérience que je vous invite à faire car les visites sont principalement ouvertes aux professionnels mais en réservant assez longtemps à l'avance et sous réserve d'être un nombre assez conséquent (au moins une dizaine) le château vous ouvre ses porte totalement gratuitement et en prime, vous dégustez leur vin...

Bravo.








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