Faut-il avoir peur des chinois ?
Les chinois en France, d'après les gros clichés, ne se limitent pas à Tang Frère, au 13e à Paris, à Aubervilliers ni à Eurasie dans le bordelais. Non les chinois sont aussi des fous de vin et du vin bordelais.
Et comme leur croissance est exponentielle et les millionnaires et milliardaires est en pleine explosion, il faut bien s'amuser avec quelques surplus sur les comptes en banque. Mais loin de moi l'idée de faire une diatribe anti chinois. Non, bien au contraire.
Les chinois investisseurs de vin sont avant tout des passionnés de notre nectar, comme vous et nous et ce qui m'a le plus surpris pour avoir passé une journée avec des clients chinois à leur faire visiter le vignoble médocain c'est qu'il ne faut surtout pas leur faire à l'envers... Ils s'y connaissent très bien en vin, en cépages, en manière de réaliser le vin, les fermentations, les températures, des remontages ... bref, j'ai été encore + bluffé quand à la dégustation du château Maucaillou à Listrac, de découvrir une analyse très juste des vins goûtés ("trop vert le 2007, trop fermé, température de dégustation un peu trop fraîche, ils devraient faire déguster des vins plus anciens" pour la visite) ...
Détrompons nous, les chinois qui investissent sont avant tout des amateurs certes, certains craquent leur argent dans des domaines plus ou moins côtés, plus ou moins clinquants mais une chose est sûre c'est un sous reste un sous et tout investissement se doit d'être rentable.
Ce que je peux entendre ici et là c'est la remarque la + commune : "les chinois ? ah bah tu vas voir dans 10 ans on goûtera des vins encore plus tanniques, cuirés, encore plus alcoolisés avec des monocépages dominants" . Remarque que je peux comprendre dans l'absolu et en me faisant l'avocat du diable. Une fois un château totalement propriété chinoise, l'idée de l'acquéreur est forcément de faciliter l'export vers son pays d'origine. Que fait-il pour plaire toujours d'avantage à ses clients ? Il leur fait des produits sur mesure... Et les goûts des chinois sont plus corsé que les nôtres dans le pays où on boit souvent le cognac à table.
Donc on peut forcément se demander si l'évolution des domaines repris par ces nouveaux acquéreurs de l'empire du milieu ne s'orientera pas trop vers la nouvelle demande asiatique.
Mais car il y a un mais, je ne vois pas les choses de manière aussi catégoriques, le bien le mal, le blanc le noir. Comme toujours j'essaye d'avoir un avis nuancé tenant compte des arguments des uns et des autres.
Je pense qu'un chinois qui achète un vignoble en France aura forcément l'envie de produire une partie de son vin le plus adapté possible aux consommateurs chinois. Mais est-ce que ces derniers voudront trouver du vin bordelais ou de Bourgogne qui ressemble plus à un vin chinois qu'autre chose ? Ne voudront-ils pas conserver le goût unique de nos vins ? Je doute que la totalité du marché chinois ne soit à la demande express de vins français adaptés à 100% . Qu'une partie soit réalisée je trouverai ça presque exotique et original de voir bousculer un peu le monde viti/vinicole bordelais ultra conservateur mais de là à affirmer que tous les néo-propriétaires de vignobles vont totalement transformer la topologie et l'essence même de nos vignobles je pense qu'on en est pas du tout là .
S'ils viennent acquérir quelques belles demeures et domaines c'est avant tout pour rêver et permettre aux vignerons de continuer à faire le meilleur vin possible dans les meilleurs conditions qu'il soit.
Je ne me fais absolument pas de soucis de ce point de vue là car les chinois cherchent aussi à s'intéresser à la vigne, aux gens qui en vivent, qui la travaille, qui la bichonne, dont le vin n'est même plus un travail mais une manière de vivre, un poumon.
Et puis n'oublions pas que malgré les apparences, les belges sont parmi les plus gros acquéreurs de vignobles de part chez nous. La vie est un perpétuel recommencement. Le jour où les chinois se lasseront de nos vignobles, il vendront à d'autres et ainsi de suite.
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