Dégustation Château Tronquy Lalande 2017

 Ah , Saint-Estèphe  ....

Rien qu'à l'évocation du nom, c'est une part de rêve qui se soulève dans mon esprit. 

Au delà des vins, c'est avant tout un fort joli et haut plateau du Médoc, juste vallonné comme il faut, avec des noms historiques mais aussi des propriétés plus discrètes et ô combien qualitatives. C'est le cas du Château Tronquoy-Lalande, racheté par la famille Bouygues en 2006 et une volonté de moderniser l'outil de vinification avec l'aide du même directeur technique, déjà présent sur l'exploitation depuis plus de 30 ans. De la nouveauté dans la continuité. 

Alors que donnent les deux vins du millésime 2017 de l'un des plus anciens crus de Saint-Estèphe et livrable dans les prochains jours ? 

Le Rouge

Il possède une particularité contraire à ses voisins : une majorité de merlot le compose , tout comme l'encépagement majoritaire sur le domaine d'ailleurs. Ici pour le millésime 2017, c'est 55% de Merlot, 37% de Cabernet-Sauvignon, 6% de Petit-Verdot et 2% de Cabernet Franc. 

Au nez vous serez en terrain conquis si vous aimez les fruits rouges croquants. Ces notes mêlées à une fraîcheur légèrement mentholée confèrent à ce millésime la promesse d'une grande garde. Une pointe florale avec des discrètes effluves de violette se dégagent dans un second temps, le tout se diluant dans un tourbillon de café torréfié ainsi que de la réglisse. Malgré sa jeunesse, pas de volutes d'alcool qui souvent envahissent peu subtilement ne nez. Ici c'est l'expression la plus directe du fruit qui est ressentie.

En bouche le tourbillon d'arômes se confirme. Disons le franchement, le 2017 est encore un bébé qui pourtant se laisse déjà déguster avec plaisir tant le côté juteux des fruits rouges vous explose au palais. Les tanins sont bien présents mais tout en souplesse et retenue. Rien n'accroche en bouche, tout est suavité et légèreté. Ici nous avons affaire à un vin de grande garde qui pourra se révéler à son apogée dans les 10 prochaines années sans aucun problème. Très structuré mais tout en nuance, il est parfait sur des plats simples et plus complexes. Il accompagnera volontiers des côtelettes de porc noir de Bigorre avec son gras, un tian de légumes et un léger jus peu corsé. 

Le Blanc

Je la joue franc-jeu, c'est un véritable coup de coeur comme j'aime en avoir. De ceux que l'on compte sur les doigts d'une main. Je ne m'attendais pas à un tel vin blanc qui, bien entendu, est en appellation Bordeaux Blanc puisque le cahier des charges de Saint-Estèphe n'autorise que la production de vins rouges, comme tout le reste du Médoc d'ailleurs. 

Le sémillon majoritaire à 60% est complété pour les 40 restants par du sauvignon gris. C'est une cuvée très discrète à environ  5000 exemplaires par an.

Le nez est assez frais avec tout de suite des notes de douce brioche qui embaume vos narines. C'est puissant et incisif, comme un diamant brut taillé dans la masse. On va droit au but. On trouve des notes de pamplemousse et de kumquat mêlées à des fruits exotiques. Tout est organisé et l'on distingue en parallèle une belle minéralité qui pointe donne une prestance  à l'ensemble.

En bouche, c'est l'explosion. Très gourmand de par le beurré que nous avions en nez et qui se confirme. Cela est indéniablement lié aux graves que l'on retrouve sur les  parcelles et qui confèrent au sémillon une typicité et une robustesse incroyables qui pourraient faire passer ce Blanc de Tronquoy-Lalande pour un vin de Graves avec cette fraîcheur iodée des embruns marins supplémentaire. C'est assurément un terroir ultra favorable pour ce cépage. Rien n'est trop lourd malgré la puissance des arômes. On a un gras qui permet d'envelopper votre palais et qui encapsule les arômes sur une longueur assez importante. L'acidité en attaque permet de contenir ce gras par la suite.  Tout est à la fois puissance et complexité et pourtant la trame reste très lisible et la finale tout en douceur . Ce vin me fait penser à la charpente d'une belle demeure, solide de prime abord et lorsqu'on regarde avec plus d'attention les détails, on voit la finesse de la construction. Un vin pas commun pour un Bordeaux, du Médoc qui plus est. Les bourguignons qui me lisent retrouveront facilement leurs repères structurels.

Il s'accorde à merveille sur un fromag0e vieillit à pâte dure  comme un Comté 24 mois ou avec une volaille de caractère sur une sauce légère ment beurrée.

Vous pourrez retrouver dans les prochains jours ces vins du millésime 2017 disponibles chez votre caviste ou dans les points de vente habituels. Comptez entre 35 et 40€ pour une bouteille de Tronquoy-Lalande rouge et entre 55 et 65€ pour le blanc, cuvée confidentielle oblige.