Le Chapon Fin, une institution bordelaise

Voilà un lieu que j'aime beaucoup à Bordeaux : Le Chapon Fin.
C'est tout simplement le plus vieux restaurant de Bordeaux. Il date initialement de 1825 mais ce qui en fait véritablement son charme c'est sa salle : un jardin d'intérieur romantique à souhait avec sa fausse grotte rocailleuse en béton armé travaillé comme ce fût la mode au début du XXe siècle (* voir annotations supplémentaires tout en bas de cet article).

Bluffant de réalisme.


Depuis tout petit j'ai entendu parler de ce restaurant qui représentait pour moi, l'un des plus emblématiques de la ville. Un vrai havre de paix dans l'hypercentre de Bordeaux. Sous la verrière protégeant cet écrin rocheux, la salle, immense mais avec des alcôves et arcades, permet de créer plusieurs endroits intimistes. Et notamment les deux tables les plus demandées : celles du balcon surplombant toute la salle sans que personne ou presque ne vous voit. A la manière des petites lucarnes dont disposait Louis XIV à Versailles. Observer sans être observé.
J'ai eu la chance de dîner à cette table l'année dernière et je vous assure que la vue est incroyable.

Peu importe la table, vous oubliez tout dans ce restaurant. Le temps s'arrête.


En 2011 le restaurant a été racheté par Sylvie Cazes, figure active du vignoble bordelais (Château Chauvin à St-Emilion, présidente de la fondation pour la Culture et les Civilisation du Vin, agence de tourisme viticole Bordeaux Saveurs...) avec comme ambition de casser les codes avec une nouvelle équipe jeune tout en restant dans la tradition du lieu. Et avec l'aide de sa directrice Brigitte Bugeaud depuis 2014, elles ont mis en place une vraie dynamique autour de ce lieu unique (réceptions, wine and business club, dégustations de vin en petit comité dans la cave voûtée du XVe, dégustations des primeurs début avril de chaque année...)

C'est toujours un plaisir de venir déjeuner ou dîner dans cet univers romantique qui respire l'optimisme des années 1900.

Mais un restaurant n'est rien sans son chef. Et en l’occurrence c'est Nicolas Nguyen Van Hai qui est aux fourneaux. Il officiait auparavant aux côtés de Michel Portos au St James et  a été également formé dans les cuisines de Yannick Alleno au Meurice. Ici on fait dans la cuisine du coeur. On ne déstructure pas, on ne passe pas 10 ans à écouter le produit pour voir s'il peut nous parler... Le chef choisi ses produits en fonction des marchés, des inspirations, ne cherche pas à en faire trop. Et cela me va bien. Qui peut le plus, peut le moins. Le résultat ? Une cuisine inventive et juste tout en restant simple et accessible à tous les palais. Des produits locaux comme cet incroyable pièce de boeuf  de Bazas maturée 40 jours ou encore ce risotto à la  truffe blanche du Périgord. Simplicité mais efficacité et créativité. Et quand on parle de simplicité, lorsque le chef vient se présenter de table en table à la fin du service, il vous parle avec la passion de son métier tout en sobriété. Un exemple de gentillesse, comme le reste de l'équipe d'ailleurs.

Et le vin dans tout ça ? 800 références pas moins sont à la carte d'un i-Pad que le sommelier vous amène afin de faire un choix. Vous aurez ainsi accès à de nombreuses informations sur les vins, les années, les appellations... Et le sommelier ne sera pas avare en conseils. Jordan Aniorté. Tout en sourire et avec cette capacité qu'on certaines personnes : s'adapter à la clientèle qu'il trouve face à lui. Je suis plutôt à la "cool" quand je dîne dans un restaurant, qu'il soit triplement étoilé ou qu'il soit un relais de campagne et là toute l'équipe du Chapon Fin répond présent. Et lorsqu'on discute vins avec le sommelier ou son assistante, le temps passe très vite ! Et au passage, vous pouvez opter pour l'accord mets et vins et aller plus loin : accord mets et vins à l'aveugle. Chose que j'ai fait et Jordan m'a fait découvrir des pépites totalement improbables comme ce vin blanc du Languedoc limite Roussillon en vin de France sans appellation à base de bouysselet, un cépage autochtone que j'ai pris pour un chardonnay de Bourgogne tellement il était ample et structuré... même histoire avec tous les autres vins du dîner, que des choses déroutantes. J'aurai au moins trouvé le Maury sur le dessert.

Bref vous l'aurez compris, je suis un inconditionnel de cet établissement qui est pour moi un vrai symbole de notre belle ville. Il traverse les époques, les modes, les changements de propriétaires mais il reste solidement ancré dans cette rue Montesquieu, juste à côté du Marché des Grands Hommes dans le fameux triangle d'or. Tel un paquebot sur la mer, rien ne vient ébranler ce navire. Et je lui donne rendez-vous dans 100 ans, certain que cette sublime salle sera la même et que l'âme du lieu sera toujours présente...

Leur site web : www.chapon-fin.com


Risotto aux truffes blanches du Périgord (oui blanches, elles se foncent petit à petit au fil des jours) 

Le homard

Boeuf de Bazas maturé 40j

Dessert autour de la clémentine . Superbe !
*si vous voulez voir à Bordeaux d'autres vestiges intégralement conservés de cette époque allez boire un café au Castan à côté de la place de la Bourse, sur les quais, l'intérieur est une fausse grotte dans le même esprit qu'au Chapon Fin et également allez vous balader au parc Majolan à Blanquefort qui est mon aire de jeu depuis que je suis né : là ce sont carrément de vraies fausses grottes qui on été créées et qui donnent sur un parc bucolique avec diverses surprises architecturales cachées tout au long du parcours. Un en droit à part dans la périphérie bordelaise)

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