Une question de goût



Je me pose beaucoup de questions dans ce monde toujours plus rapide et toujours plus pressé. Une de mes dernières questions m'est sortie de la tête comme ça lors d'une dégustation récente d'un très grand St-Emilion . Comment les jeunes d'aujourd'hui appréhendent-ils les vins ? 

Car si on se place d'un point de vue tarifaire, la logique voudrait que les plus grands vins (par plus grand j'entends en terme de prestige, de communication, d'emplacement, de rêve, de marketing sans doute beaucoup) ne soient pas accessibles aux étudiants et autres jeunes débutants professionnellement (à moins qu'on se dirige du côté des émirats où une Ferrari à 5 ans ne choque plus personne). 
Et donc la loi de la physique scientifique biochimie et financière fait que les jeunes se reportent plus sur des vins abordables mais pas forcément des piquettes tirées au pif dans les caves de Leclerc. 
Non je pense que les jeunes sont à la recherche de vins plus authentiques, dont le vigneron fait partie intégrante de l'histoire de chaque bouteille ouverte. De ce fait, ils ont je pense, une ouverture d'esprit plus large que nos parents qui pour la plupart ont été éduqués dans un style bachique et point barre (exemple : "moi, mon père a toujours ouvert des Haut-Médoc, je ne jure que par ça").

Mais est-ce que le choix d'un vin se fait par le goût ou par le prix ? Les deux vous me répondrez. Pourtant après avoir eu la chance inouïe de déguster depuis quelques semaines parmi les plus beaux et grands vins du bordelais, je suis en position de mieux comprendre mes goûts personnels et de me diriger petit à petit vers des vins de vignerons dont souvent je suis le seul à vanter les qualités extraordinaires tel un carignan de Caunes Minervois ou un Chinon fait avec amour alors qu'autour de moi, on me prend de plus en plus pour un illuminé qui a sans doute quelques connaissances en vin mais qui sort à chaque fois des découvertes un peu trop extravagantes . 

Bah oui, un Médoc, ça rassure, un St Emilion, on aime ou pas mais c'est statutaire (dieu que j'aime le st émilion pourtant :) , un Margaux, ça impose, un Pessac-Léognan c'est le bois qui fait vibrer (gros cliché je l'admets volontiers), etc...
Je pense être dans la génération début 80 un peu bâtarde car certains sont déjà cloîtrés dans des choix de vins trop logiques, trop évidents car Papa et maman buvaient le même,, presque trop vieux avant l'heure tandis que d'autres sont trop à la recherche de trucs fusionnels, de la pépite avec des cépages perdus retrouvés au fin fond de l'amazonie, les Ferran Adria de la grappe quoi. Et moi je suis au milieu, plus tellement jeune, pas vraiment vieux et je me cherche sans réellement trouver à 100% ce que j'aime ou pas, et je ne suis pas sûr de trouver cette réponse un jour tant que je n'aurai pas tout goûté ou ce que mon foie m'autorise avec toujours, la modération comme consigne sinon on ne s'en sort plus . 

Tout ça pour vous dire qu'après avoir trempé mes lèvres dans de grands St Emilion, de magnifiques Saint-Estèphe, des Margaux à tomber, des Pessac-Léognan à se mettre à genoux, je me rapproche plus spontanément de petits vins découverts par ci par là au détour de mes balades, vacances, bouche à oreilles. Cela ne veut pas dire que je n'aime pas les grands vins, du moins ceux que l'on appelle "grand vins" car j'en ai quelques uns dans ma cave, mais je dirais plutôt qu'ils servent de guides, de doudou lorsqu'on s'écarte un peu trop du droit chemin bachique et qu'on teste des choses trop extraordinaires. Ils réconfortent de temps en temps et par là même, ils conservent intact toute la magie qui s'opère autour d'eux et qu'on veut bien leur faire opérer. Il n'empêche que j'ai bien plus pris mon pied en dégustant un petit vin de vigneron sur le coin de la barrique au milieu de son chai, que certains vendus des centaines d'euros devant lesquels on doit absolument dire qu'ils sont bons car "c'est 350€ la bouteille quand même" et qui finalement sont fait pour des dégustateurs professionnels plus que pour de réels clients car hyper complexes et compliqués à déguster.

Et vous, vous préférez quoi comme vin ? 

PS : je m'excuse auprès de mes amis bourguignon, il va falloir que je comble mes lacunes sur votre si belle région et vos vins à se damner. 

Commentaires

Articles les plus consultés