Si la Corse était un vin blanc



Aujourd'hui je vous parle d'un vin corse qui m'a beaucoup plu voire beaucoup beaucoup plu. Il concentre tout ce que j'aime dans un vin blanc : de la tension, du fruit mais pas trop facilement non plus, de l'acidité maîtrisée mais présente et assumée, de la minéralité (n'en déplaise à Patrick Cobbold qui a récemment dit dans In Vino sur BFM que la minéralité était quelque chose qui n'existait pas vraiment en vin, mais moi je ne sais pas comment dire autrement alors je reste là dessus). Bref, un vin de vigneron ou plutôt de vigneronne car oui, en Corse les femmes font aussi du vin et elles le font très bien.
A l'image de Marie-Françoise (ou plutôt Maria Francesca) Devichy du domaine éponyme situé sur la commune de Barbaggio au début de ce qu'on appelle le Cap Corse, la pointe la plus au nord de l'île de Beauté. Jeune vigneronne, elle a repris l'exploitation familiale avec un certain dynamisme je dois l'avouer. Et au delà de son traditionnel muscat (qui a fait sensation pendant #LaWebWine , la bouteille a été en mode furtif ce soir là : à peine ouverte, elle a disparu, de mains en mains pour la retrouver quelques minutes plus tard vide) et son rosé, Patrimonio et un vin vieilli avec des zestes d'orange qui m'a permis de faire quelques créations de cocktails, je n'avais jamais encore eu l'occasion de déguster le blanc qu'elle réalise. Il est réalisé à partir de Vermentinu, cépage typique en corse. Sur des sols très calcaire ce qui se ressent rapidement en bouche avec une belle minéralité puisque la vigne est obligée de puiser au plus profond pour trouver de l'eau. Elle est de ce fait beaucoup plus apte à fournir des raisins aux arômes hyper concentrés

Et là dès le premier nez dans mon verre , la Corse m'a mis une droite, non pas que les corses soient violents mais là je peux le dire officiellement, je me suis fait claqué par une corse ! Un nez structuré et complexe, avec tout de suite des agrumes qui apparaissent mais en mode citron/citron vert plutôt que pamplemousse. On sent tout de suite que la suite va bien se passer en bouche.
Et ça se confirme aussitôt. L'acidité du vin est bien présente mais elle s'atténue assez rapidement pour laisser la place au réconfort. Les fruits blancs comme je vous le disais. On reste sur une fraîcheur qui ne vous quitte plus. J'ai eu l'occasion de déguster ce vin sur un oeuf mollet noyé dans une crème de champignons puis sur des saint-jacques fraîchement snackées à l'huile de césame et asperges vertes . Le résultat était d'une belle harmonie et ce moment va rester en mémoire.


Voilà ce que j'aime avec le vin, c'est lorsque vous associez un très bon vin à un moment personnel et la magie opère (ou pas) et quand elle opère, vous gardez pendant longtemps en mémoire le vin associé à un bon moment. Je ne m'y trompe pas, la sensation de trouver un vin bon dépend énormément du contexte dans lequel on le déguste et c'est pour cela que j'ai tenté d'être le plus objectif en faisant la dégustation sur 3 soirées afin d'être concentré.

Et pour l'histoire, le vin blanc corse est considéré comme l'un des meilleurs au monde et paradoxalement est le moins vendu des trois couleurs corses. C'est vraiment dommage car ils ont des capacités d'accompagnement assez extraordinaires pour peu qu'on tombe sur un vin bien fait et qui ressemble à son propriétaire, c'est tout ce que je demande :)

J'ai en mémoire également la bombe blanche du fameux Clos Canarelli (au sud vers Figari) et aussi plus abordable du Comte Peraldi .

Je vous invite à vous rapprocher de votre caviste pour qu'il vous fasse découvrir les vins blancs corses . Rien qu'en humant le verre, vous sentirez le soleil poindre à l'horizon et vous entendrez les chants corses en arrière plan. Bon c'est cliché, mais je ne suis pas allé jusqu'au saucisson d'âne qui n'a jamais existé sur l'île, qu'on se le dise.

à prestu !

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