La (re) naissance d'une maison de cognac

Une opportunité comme celle là il n'en existe pas énormément dans sa vie. Et pourtant il arrive qu'on tombe sur le bon filon comme ça a été mon cas en allant à la découverte de la maison Pierre Lecat à St Fraigne en Charente. Quand je dis la maison Pierre Lecat il faut prendre ça au pied de la lettre. J'ai été invité à la dégustation des trois produits de la maison en ce vendredi brumeux de décembre. Pas facile à trouver le lieux mais finalement tant mieux, encore plus de mystère s'est accumulé pendant le trajet. 

Une dégustation ? Ok c'est sympa mais bon ça en fiat une de plus. NON NON NON !!!! il s'agit là d'une exclusivité car la marque n'est pas encore lancée sur le marché ! Assister aux balbutiements d'une maison de cognac qui renaît en mettant en vente ses plus vieilles eaux de vies avec de subtils assemblages réalisés par Pierre Lecat himself, là ça change la donne. 
Pas de chichi, ici on cherche directement le top de ce que peut fournir le cognac. On mélange les jus comme on assemble les mécanismes d'une horloge, avec doigté et surtout une passion qui prend aux tripes. 

Mais place à mes impressions qui je ne peux me retenir, sont plus que positives.

Les jus viennent juste d'être tirés des barriques, pas tout à fait réduits on peut d'entrée observer une légère opacité (vraiment légère) ce qui donne déjà pas mal de charme aux breuvages. 

On attaque logiquement par le VS qui sur le papier pourrait être nommé VSOP puisqu'il est assemblé d'eaux de vie de 5 à 6 ans (pour rappel la dénomination "VS" correspond à des eaux de vie de 2 ans minimum) . 
La robe est paille chaude et claire. Le corps est gras, on sent qu'on a déjà affaire à un alcool qui en a dans le pantalon. Au nez on a au delà de l'alcool qui s'évapore, une explosion de vanille mais surtout et c'est très étonnant, un bouquet de fleurs assez bluffant. Je n'avais encore jamais senti ça sur un cognac, plutôt habitué des notes d'un Entre Deux Mers blanc. En bouche, idem, passé l'alcool qui n'est pourtant pas violent, on retrouve cette douce sensation de fleurs + vanille et caramel. Un mélange insolite mais je reste bloqué sur le côté fleuri qui est vraiment déroutant. 

On continue avec la dégustation du VSOP .La robe s'intensifie en ambré. On retrouve toujours ce corps gras signe d'une belle structure. Au nez, là on monte clairement en gamme. C'est plus structuré, on peut dissocier plus clairement les notes de caramel, limite beurré (attendez la suite) au sel, bref, on fait un tour en Bretagne d'un coup de baguette magique. Revient la vanille mais noyée dans les autres notes, elle vient juste renforcer le côté sucré. En bouche : là c'est clairement un moment de bonheur comme j'en ai rarement eu pendant une dégustation : la douceur vous prend par surprise... Ici pas de brûlure, pas d'acidité, pas de mimique bizarre quand l'alcool remonte à au cerveau ;) Ici c'est quelque chose de magique, vous avez la douceur d'un bonbon au caramel à la fleur de sel sans le côté "KO" que peut procurer l'alcool. Je n'avais encore jamais  ressenti cette sensation. Alors que mon corps se préparait à faire face à la déferlante d'alcool, il n'a pas eu le temps de comprendre ce qu'il se passait . La douceur annule tout automatisme de grimace . On est ici sur un produit qui est clairement évolué. On sent le travail acharné derrière la couleur ambré claire. La bouche s'éteint en quelques secondes toujours dans cet sorte de nuage (vous voyez les pubs nutella ? Et bien là on est dans le même état d'esprit). je recommande la dégustation de cet assemblage particulièrement aux femmes qui sont souvent gênées par le côté trop alcooleux du cognac. 

Enfin, le clou de la dégustation : le XO assemblé des plus vieilles eaux  de vie de la maison. 
La robe est forcément bien plus foncée mais cela reste encore naturel (suivez mon regard pour certaines maisons dont le simple VS d'entré de gamme est déjà ultra foncé, ça sent le caramel utilisé plus que de raison). Au nez, là encore on a franchi plusieurs étages. On est face à un produit finement travaillé, l'aboutissement d'une recherche longue et compliquée. Un vrai travail d'orfèvres. On sent du fumé, de petites touches de grillé. En bouche c'est la consécration. Une pause, on oublie tout ce qui se passe autour. On est plongé dans un monde parallèle. Il faut se concentrer pour analyser la quantité importante d'informations qui convergent en même temps. On retrouve la douceur du VSOP mais avec une structure supplémentaire, un corps plus présent, bref un caractère bien plus affirmé. Comme si l'ado était devenu homme. Toujours le beurré qui est le fil conducteur. C'est tout simplement le regroupement du fleuri du VS et de la douceur caramélisée du VSOP avec le caractère en plus. 

Vous l'avez compris, je suis tombé là sur un véritable coup de coeur. D'autant plus que j'ai pu goûter ces produits bien en amont de la commercialisation. Autant vous dire que ce cognac là va faire un malheur. Chose rare à préciser pour une petite maison familiale qu'est Pierre Lecat, ils ont fait appel à l'agence de design spécialisée dans les packagings verriers Toscara, pour imaginer une gamme de bouteilles à l'image de la maison. Paris amplement réussi, c'est sobrement chic. Pas de blabla, mais de très belles finitions tant dans les papiers que dans les détails de la bouteille avec la couleur emblématique  : le bleu métalisé. 

Rendez vous début 2014 pour d'autres news de la maison Lecat que je ne manquerais pas de relayer en avant première ! Suspense !




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