Une virée en Chinon

Qui a dit que les bordelais restaient entre eux sur leurs terres, se contentant de ne sortir qu'entre eux sans se soucier du reste du monde ? FAKE ! Nul ! Zéro pointé !

Le Bordelais sait s'exporter hors de ses frontières et il aime plutôt ça. Je parle pour moi oui c'est vrai mais je ne suis pas le seul. 
Direction Chinon avec le Domaine de la Marinière situé sur la commune de Panzoult à quelques kms de la fameuse ville au bord de la Vienne. 
Autant être honnête avec vous, je connaissais cette appellation de nom et de loin sans m'être réellement penché sur son potentiel qui est vraiment extra. Chose faite grâce à Boris Desbourdes rencontré au gré de mes promenades twittesques. Le Domaine de la Marinière s'étale sur 13 Ha tout autour de la propriété familiale acquise par les grands parents de Boris dans les années 60. 
Le terroir est principalement argiloi-calcaire ce qui donne beaucoup de force aux différents cépages plantés. Il existe également comme dans le reste de l'appellation Chinon des argiles sableuses apportées au fil des milliers d'années par la Vienne et par la Loire en retrait vers le nord. Terres qui font du chenin le cépage maître pour des vins blancs très fruités et facilement reconnaissables. Le cabernet franc quant à lui, bien que secondaire en terres bordelaises afin d'asseoir la structure d'un vin, est ici porté au rang de star. Il compose principalement les vins rouges et de saignée.

Profitant d'une montée sur Paris en voiture, j'ai fait un petit croché par le domaine situé à peine à 20min de l'A10 peu de temps avant l'arrivée sur Tours ce qui est incontestablement un atout pour cette région viticole de toute beauté où on sent le poids de l'histoire à travers les châteaux et des villes traversées (Azay le Rideau à seulement quelques kms de la Marinière), Tours à 15min, Chinon à 5... bref, idéalement situé.

Je suis accueilli par Boris qui d'entrée donne le ton : dégustation du vin de copains, Domaine de la Marinière cuvée 2011 à déguster avec pâtés, rillettes et surtout un bon Sainte-Maure.... je sens que mon voyage vers Paris va beaucoup mieux passer maintenant. 

Puis nous passons à la cuvée Vieilles vignes 2010, on monte en structure. Vient le tour du fameux Chinon "traditionnel" cuvée Réserve en 2010 et surtout 2009 déjà très soyeux et charpenté. Le mot "traditionnel" n'a dans mon eprit absolument rien de péjoratif, au contraire c'est un vrai Chinon typique avec ses notes de fruits rouges, une belle rondeur et une attaque assez franche. Une belle réussite (mon coffre n'étant pas assez grand par ce que j'ai pris, je reviendrai pour me pencher sur le cas de ce chinon 2009) .
On ne s'arrête pas en si bon chemin, vient enfin le moment tant attendu, la dégustation de la fameuse et confidentielle cuvée M16 grâce à laquelle j'ai découvert le domaine (merci à Thomas Quintard des cognacs du Frolet) . 
Mais quelle est cet étrange nom ? M16, un nom d'arme de guerre ? Oui mais pas que : il attise forcément les curiosités : M pour Marinière, 16 pour 16 mois d'élevage en fûts de chêne neufs. Oulala ! mais c'est quoi tout ce bois ? Il doit masquer quelque chose !! me diront les réfractaires... POINT ! au contraire, le bois est forcément présent on ne peut pas le cacher mais le vin est suffisamment solide et structuré pour n'utiliser que l'essentiel du boisé du chêne : le côté vanillé utilisé juste comme il faut. Bref, une très belle réussite que cette cuvée 2007 non renouvelée depuis. Un vin certes très masculin, très tannique mais qui possède tout de même une belle finesse et des nuances de fruits rouges comme la griotte. 
Je préfère prévenir les aficionados de petites pépites comme ce vin, on ne boit pas un M16 comme ça à l'improviste, tel un Languedoc, il s'ouvre beaucoup de temps à l'avance pour profiter pleinement de ses arômes qui restent fermés si on ne prépare pas la bête au moins 2h à l'avance. 
L'avantage c'est que ce M16 pourtant déjà de 2007, est à garder encore quelques années pour voir son potentiel de garde qui me semble tout à fait honorable. 




Je vous conseille vivement de faire un petit crochet par cette propriété familiale où l'accueil et le sourire sont d'entrée. On est ici sans chichi et entre amateurs . En famille quoi.

A la prochaine Boris ! Santé à la Marinière et à tes petites créations comme le M16 !

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