Caviste ou Grande Distribution ?

Et vous ? c'est quoi votre filière d'approvisionnement perso ?
Pour ma part c'est un peu des deux mon capitaine. Mais tout dépend de ce que je cherche.

Que ceux qui je jurent que par les petits caviste restent pour lire ces quelques lignes je vous en supplie :)
Point n'est de ma volonté de faire ici l'apologie de tel ou tel mode de distribution du vin. Non, je veux juste partager avec vous la manière dont je conçois l'achat du vin.

Pour moi il y a deux manières qui se complètent.

1/ On part à la découverte, on se laisse faire

Tout est dans le titre. Il y a des moments où nous prend la brusque envie de partir, de voyager loin, de découvrir de nouveaux horizons. Et bien c'est tout à fait possible de faire tout ça avec le vin. Mais comment donc ? (mais comment donc Houston ? que celui qui comprend cette référence cinématographique hautement intellectuelle me fasse signe, il gagnera son portrait dans mon blog ) 

Et bien il suffit de pousser les portes d'un caviste. Si possible pas très grand et si possible toujours, en pleine semaine, il sera ravi de discuter avec vous, de refaire le monde. Si si je vous assure, vous verrez ses yeux s'allumer en vous recommandant tel ou tel vin (il est tout à fait possible de tomber sur des mauvais cavistes ce qui a déjà été mon cas et là on repart illico quand on sent qu'on gène plus qu'autre chose. 

Et quel bien ça fait de pouvoir se laisser bercer par les conseils d'un professionnel. De lui donner carte blanche avec quelques indications de départ. Là c'est un moment de plaisir, d'échange dont on se souvient lorsqu'on ouvre la bouteille. On se rappelle des conseils de dégustation, des anecdotes racontées sur le vignoble, du nom des propriétaires et j'en passe. Et ça donne une autre dimension au nectar goûté. Sans doute ça l'enrobe même parfois, ça peut masquer quelques imperfections mais ça fait partie du charme. Et puis si le vin n'était vraiment pas à votre goût : on revient chez le caviste et c'est reparti pour une bouteille échangée et une belle heure de "refaisage de monde" (oui j'aime le barabisme personnel qui ferait bondir n'importe quel érudit de lettres) .

Le deuxième point positif concerne les millésimes. C'est incontestable, vous voulez vous faire plaisir avec un vin d'un vieux millésime ? foncez chez un caviste, il sera prêt à boire.

2/On sait ce qu'on veut, alors pas de blabla, on fonce chez Leclerc (ou autre, je ne suis pas monomarque)

C'est un bon moment pour moi également, de prendre son temps chez soi en parcourant minutieusement les catalogues de foires au vins (printemps ou automne) des différents acteurs de la grande distribution. De voir défiler des centaines de références qui me font baver toutes plus les unes que les autres. De pouvoir imaginer quelle serait ma cave idéale. De rêver quelques instants en cochant les plus grands vins et puis finalement revenir à la raison du porte feuille. 

J'ai découvert il y a peu les joies des foires (oui pour moi c'est une joie, de partir vers le supermarché qui a la meilleure cave, se pointer à 8h30 devant les grilles avec tous les petits vieux avec leurs caddies qui jouent des coudes pour passer le premier sous la grille avant qu'elle ne soit complètement levée). De foncer dans l'allée centrale découvrir les centaines de caisses déposées à même le sol, de voir le stress du chef de rayon monter de seconde en seconde à mesure que la foule de zombies assoiffés de rouge n'envahisse ce qui était il y a encore quelques secondes qu'un océan de tranquillité. Et de voir si son entrainement qui a duré des semaines pour faire le plus vite possible le trajet rayons-->stocks-->rayons  avec ou sans transpalette  a payé. 

Oui c'est un bonheur de loucher des heures entières devant les centaines de bouteilles en en prenant quelques unes, les mettant dans le caddie puis non finalement je vais échanger deux des 4 de Château Poujeaux contre deux Chasse-Spleen (véridique) . Craquer sur 4 bouteilles de Carbonnieux blanc 2010 en se disant, "c'est pour garder un peu". Et puis sentir la sueur monter lorsque la caissière va vous donner la douloureuse. Et se dire "ah oui quand même" . Tout ça c'est du bonheur,n'en déplaise aux afficionados des petits cavistes. 

Mais le revers de la médaille c'est .... le conseil ! Oui , il est totalement inexistant dans la grande distribution, hormis pendant les grandes foires médiatisées et encore, le chef de rayon est dans un tel tourbillon de stress et de course qu'à part les m'as tu vu qui viennent dévaliser les 15 caisses de Smith haut Lafitte (je ne dis pas que les gens qui boivent du Smith, sont forcément des m'as tu vu... j'en ai bu et je me porte très bien, j'aime énormément leur blanc et c'est une propriété magique :) qui auront droit à tous les honneurs. 

Mais venez chercher un vin un peu particulier dans une cave de supermarché fut-il bien approvisionné, vous serez confronté inéluctablement au désert des grandes steppes mongoles : pas âme qui vive à l'horizon. Si vous êtes chanceux, vous tomberez sur un guide des vins Hachette ou G&M mais guère plus. 

C'est pourquoi j'implore à genoux, la grande distribution dans son ensemble à développer des outils modernes d'aide au consommateur qui le plus souvent se retrouve seul face à des dizaines de mètres de linéaires sans y comprendre quoi que ce soit et qui doit aller à la chasse au trésor en s'aidant des noms des appellations.