il était une fois l'Armagnac

Jeudi, un constat s'impose : un gros besoin de quitter Bordeaux pour aller découvrir un autre univers spiritueux. Celui qu'on compare sempiternellement  au Cognac - à grands torts à mon avis - et vice et versa. J'ai nommé l'Armagnac.
Force est de constater que Bordeaux se situe à exactement la même distance du Cognac que de l'Armagnac.

Rendez-vous est pris pour samedi matin avec Pierre de Saint Pastou sur sa propriété de Rébert à Monguillhem dans le Gers à la limite des Landes. 4 hectares de bonheur situés dans l'appellation "Bas-Armagnac" qui correspond à la partie la plus à l'ouest de l'Armagnac. 

Malgré le temps pluvieux, sourire et poignée de main chaleureuse, Pierre nous accueille directement dans une partie du chai qui sert à la chauffe de l'alambic. La période de distillation est peu ou proue la même que pour le Cognac : de mi novembre jusqu'à mi février en moyenne. Mais l'Armagnac est produit en une seule distillation, contre deux pour le Cognac. Ce qui en fait un produit bel et bien différent .
Bien sûr on retrouve des dénominations standards telles que VSOP (mélange d'eaux de vie dont la plus jeune est de minimum 4ans d'âge), Napoléon (idem mais 6 ans minimum), XO (10 ans mini), XO Premium (20 ans mini) . Mais l'Armagnac dispose d'une botte secrète : les millésimes, bien plus utilisés que dans le Cognac. Il n'est pas rare de trouver des millésimes des années 20. Ce qui joue à fond la carte du rêve.

L'alambic, même éteint, reste toujours à sa place, il a un siècle et les cuivres sont toujours scintillants. 

Puis direction le chai où sont vieillis les jus dans des fûts. La particularité du domaine de Saint Pastou réside dans le terroir. En effet, il possède un sol de type argilo-siliceux avec la présence de sables fauves et de boulbène (argile dure chargées de concrétions) qui donne la particularité de donner aux eaux-de vies de Pierre, un goût assez prononcé de pruneau mais aussi une certaine acidité qui n'est pas pour déplaire à la dégustation. Contrairement aux chais du bordelais, ultra enfouis, à température impérativement homogène et linéaire sur toute la durée du vieillissement en fût, ici c'est aéré et le temps influe beaucoup sur la manière de vieillir des jus. Chaleur de l'été et rigueur de l'hiver font subir aux eaux de vie, des variations qui en font leur singularité. Et cela, additionné à l'humidité que procure le sol, on a une méthode de fabrication très typique. 

Retour enfin près de l'alambic pour attaquer les choses sérieuses : la dégustation. On commence par un 1982, année de naissance oblige :) qui a un nez très explicite de coing et de pruneau. La bouche confirme ces notes. Le coing est vraiment très présent et confère un goût vraiment à part. Très belle découverte. 
Passons ensuite au 1976. Autant vous dire qu'il m'a plu au delà de mes attentes. Un léger nez de sous-bois et  une fois en bouche, le pruneau reprend ses droits tout en laissant une légère sensation de truffe ou de bois (sensation très personnelle). Celui là a été mon coup de coeur.
Ne nous arrêtons pas en si bon chemin : remontons le temps jusqu'en 1968. Là c'est un tout autre univers dans lequel je plonge : très masculin, une eau de vie d'Homme, beaucoup plus sèche, une belle acidité et une sensation d'alcool plus présente. Très joli aussi. Avec toujours cette particularité du pruneau et du sous bois toujours présents. 
Le temps de me remette de ces émotions, Pierre débouche son arme secrète : un produit maison, L'Amarico : crème de liqueur d'Armagnac, une sorte de bailey's artisanal à l'armagnac. Là c'est un bonon à 17% d'alcool qu'on déguste. Excellent ! Puis vient le tour de ses vins de liqueur. Une couleur rosée incroyable pour l'un et un joli doré pour l'autre . Terriblement bon... Je suis reparti les bras chargés, impossible de faire autrement. 

Je vous recommande ces produits car ils sont fait de manière 100% naturelle sans aucun ajout autre que l'eau. Et puis ils sont fait avec amour et ça se sent dans la dégustation !





Commentaires

Articles les plus consultés