Château Saïkouk : le soleil du Médoc
Voici une histoire comme on en voit peu dans un Médoc un tantinet soit peu traditionnel. Cette histoire c'est celle de Latifa Saïkouk. Ses parents arrivent du Maroc au début des années 70 dans le Médoc. Ils travaillent à la vigne dans les châteaux environnants la commune de Saint-Seurin de Cadourne, juste au dessus de Saint-Estèphe. Jusque là rien que du traditionnel me direz-vous. Oui mais moi je vous réponds, "attendez la suite!" . Nous continuons. Latifa naît quelques années après l'arrivée en France de ses parents et pendant toute son enfance et adolescence, elle se lie d'amitié tout comme ses parents, avec le voisin, Jean-Pierre Dupuy, vigneron de son état. Latifa est plutôt du genre à vouloir piloter le tracteur que jouer à la poupée (ou au camion de pompier , voyons large) et c'est avec l'aide de celui qu'elle appelle pudiquement "Mr Dupuy" qu'elle va découvrir une vraie passion pour la vigne en parallèle de ce qu'elle peut apprendre avec son père sur la technicité et l'entretien des vignes.
Puis vient le moment pour Mr Dupuy de prendre sa retraite. N'ayant pas d'enfants ni personne de proche à qui transmettre ses parcelles, il propose tout naturellement à Latifa en échange d'études, de lui céder ses terres en 2001. C'est alors le début de la story bachique du Château Saïkouk . Latifa monte au début une coopérative grâce à l'apport des parcelles de Mr Dupuy. Puis, en 2006 est créé le Château Saïkouk avec 9hectares de vignes, là ça devient sérieux. Ah et j'oubliais, c'est Mr Dupuy lui-même qui suggère le nom de famille de Latifa comme nom de château avec le simple mais redoutable constat que la plupart des châteaux bordelais sont souvent renommés par le nom de leur propriétaire. Chose faite, le Château Saïkouk peut désormais naviguer de ses propres voiles dans cet océan médocain de vignes à perte de vue dont les parcelles sont doublement brassées par le vent venu de la façade atlantique par l'ouest et la fraîcheur des embruns de l'estuaire de la Gironde à l'est.
Un gros avantage que lui procurent ses parcelles : la possibilité d'une double appellation : Médoc et Haut-Médoc en fonction de l'emplacement. Sur 9 hectares c'est plutôt chouette.
Et quitte à bousculer les codes bordelais jusqu'au bout, Latifa a décidé d'orner ses bouteilles d'étiquette que vous ne pourrez pas rater dans le linéaire d'un caviste : une spirale pour son Haut-Médoc et un aplat géant de rose fluo pour son Médoc. Elle s'occupe avec amour de ses parcelles plantées des cépages pour le coup, traditionnels du Médoc (cahier des charges oblige) : merlot, cabernet sauvignon, petit verdot pour les rouges et son rosé. Sauvignon blanc et sémillon pour son blanc.
Latifa garde tout de même une grande place à la tradition bordelaise à savoir les vendanges manuelles avec le coût que cela engendre mais c'est toujours entre amis et dans la bonne humeur que le mois de septembre se passe au gré de la météo et de la maturité du raisin. Elle est d'ailleurs, au moment où je rédige ces quelques lignes, en train de vendanger le millésime 2020.
Si vous cherchez un vin authentique, en petite production (entre quelques centaines par an pour une cuvée à quelques 6000 bouteilles pour une autre), avec une qualité qui a toujours été au top sans défaillance, alors dégustez les yeux fermés les vins du Château Saïkouk, ce n'est que du bonheur dans votre palais.
Plus d'informations notamment pour des visites et dégustations sur réservation : www.saikoukvins.fr
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